Ghislaine Tremblay

Ghana, 1993

Une petite fille de quatre ans a couru se jeter dans mes bras, la première fois qu’elle m’a vue. Elle ne voulait recevoir ses injections de personne d’autre que moi. Une telle confiance renforce l’estime de soi.

Lorsque je suis partie pour le Ghana avec Carrefour, j’avais 66 ans. Je venais de prendre ma retraite et je voulais faire quelque chose de ma vie. J’avais travaillé depuis l’âge de 15 ans. Durant tout ce temps, j’avais occupé le même emploi, je n’avais jamais vécu ailleurs qu’à Montréal; j’étais, de plus, extrêmement timide. C’était la première fois que je quittais l’Amérique du Nord, la première fois que je prenais l’avion. Aujourd’hui encore, je me demande ce qui a pu me décider à faire quelque chose d’aussi différent de la vie que j’avais connue.

J’ai travaillé à Tama, à la clinique médicale de SOS Village d’Enfants, un organisme qui appuie les enfants vulnérables. Les trois premiers jours ont été horribles. J’étais arrivée de nuit et l’obscurité était totale. Un véritable choc pour moi ! J’avais une petite chambre que j’appelais mon « motel », sans eau courante ni toilettes. Je me demandais sans cesse dans quoi je m’étais embarquée. Je crois que j’ai passé trois jours à pleurer dans cette chambre. Mais cela m’a laissé le temps de réfléchir et je savais qu’il ne servirait à rien de rester si je n’essayais pas, au moins, de tirer le maximum de cette expérience. Je pense que si on se laisse bloquer par ses peurs quand on veut faire quelque chose, on n’arrive à rien.

Même si l’expérience n’a pas été facile, elle s’est avérée extraordinaire, le genre d’expérience qui vous fait grandir. Ces enfants m’ont vraiment aidée à me sentir bien. Ils m’ont remplie de tant d’amour! J’étais « tante Ghislaine » pour eux, et « Grand-mère » pour tous les autres, ce qui était d’autant plus agréable que je n’ai jamais eu d’enfants. Je me souviens d’une petite fille de quatre ans qui a couru se jeter dans mes bras la première fois qu’elle m’a vue. Elle était très malade et avait besoin d’injections ; elle ne voulait les recevoir de personne d’autre que moi. Une telle confiance renforce l’estime de soi.

Je crois que cette expérience a changé ma personnalité. Avant, j’étais si timide que je n’osais pas parler aux gens. Maintenant, je ne le suis plus autant. Cette expérience a aussi changé ma façon de penser. J’ai tellement appris sur les différentes traditions et manières de vivre ! J’ai pris conscience qu’on ne peut juger les gens qu’on ne connaît pas.

Grâce à Carrefour, j’ai eu l’occasion de mener une vie très différente et très enrichissante. J’avais le sentiment que je me présenterais les mains vides devant Dieu, parce que je n’avais pas eu d’enfants. Il me semblait que je n’avais pas accompli grand-chose et je voulais tirer davantage de la vie. Cette expérience a comblé quelque chose de profond en mon âme. C’est presque comme une récompense à la fin de ma vie !

Nous utilisons des témoins de navigation (cookies) afin d’améliorer votre expérience ainsi que la qualité de contenu de notre site. En cliquant sur « Accepter », vous consentez à notre utilisation des témoins.