Didier Muamba

Mali, 2003

Travailler avec les femmes du Mali pour transformer une ressource locale, le beurre de karité, en un outil de développement économique

Le Carrefouriste Didier Muamba peut se retourner avec fierté sur le travail qu’il a effectué avec les femmes de Zantiébougou au Mali dans le but de fonder une coopérative de beurre de karité. Ce qui n’était à l’époque qu’une petite association rurale de femmes est devenue aujourd’hui une entreprise sociale avec un profit de 4200 $ par mois que peuvent se partager un peu plus de 240 femmes réparties dans 14 villages.

« Je suis fier de cette expérience. C’est un peu comme si j’avais été le témoin de la naissance d’un nouveau-né, explique Didier Muamba. C’est une expérience que je suis heureux d’avoir vécu parce que la vie de ces femmes s’est améliorée et que c’est quelque chose dont elles peuvent être fières. »

Didier est arrivé au Mali en 2003 pour commencer un mandat avec Carrefour canadien international et l’Union des regroupements féminins de Zantiébougou tout frais sorti de sa maitrise en développement international avec une mineure en gestion de coopérative.

L’Union avait été créée quelques années auparavant pour aider les femmes à générer un revenu par la vente du beurre de karité, un produit qui est issu d’une noix et est utilisé dans les produits de cosmétique et d’alimentation. À l’arrivée de Didier, cette Union était à bout de souffle. Les subventions qui avaient permis le démarrage de l’Union avaient été dépensées. Le taux de participation était faible et le sentiment d’appartenance entre les femmes du village inexistant.

« Il y avait quatre personnes qui travaillaient au centre de production de beurre de karité et elle représentait le cœur du projet. En fait, c’était leur organisation, explique Didier. Les autres femmes ne participaient guère aux activités de l’Union à l’exception peut-être de vendre leur beurre de karité. »

Didier et les membres de l’Union se sont rapidement mis au travail pour identifier les problèmes que devait surmonter la région de Zantiébougou, comme la déscolarisation et la pauvreté, et voir comment utiliser le beurre de karité pour surmonter ces défis. Ils ont décidé que la meilleure solution était de transformer l’Union en coopérative pour produire et vendre le beurre de karité.

« Elles étaient vraiment enthousiastes à l’idée de changer l’organisation parce que c’était le seul outil qu’elles avaient à leur disposition pour améliorer leurs conditions de vie. Le seul problème, c’est qu’elle ne savait pas exactement comment s’organiser, comment structurer la coopérative et comment la développer, explique Didier Muamba. La transformation de l’Union en coopérative est apparue comme la seule solution et fut suivie par l’organisation du travail, l’augmentation du nombre de participantes et un objectif de développement. »

Didier a travaillé auprès de ces femmes pendant plus d’un an pour établir la coopérative et les guider au travers des aléas de la gestion et du développement de leur entreprise. Plusieurs comités ont été créés pour superviser la production et augmenter la visibilité de la coopérative. De plus, les membres de Coprokazan ont commencé à recevoir un salaire pour leur travail à mi-temps au centre. À la fin du mandat de Didier, la coopérative totalisait 90 membres contre quatre au départ. « Après 14 mois de travail, la coopérative était devenue bien plus fonctionnelle, explique Didier. Un certain nombre d’heures a été nécessaire pour augmenter la visibilité de la coopérative et expliquer aux membres les responsabilités qui leur incombaient. »

« Après avoir réussi à mettre ces mesures en place, nous avons dû étudier les marchés émergents », ajoute Didier. « Nous les avons aidées à s’organiser, mais ensuite nous devions identifier des marchés pour que cela fonctionne. C’est donc dans ce contexte que les autres [carrefouristes] ont travaillé avec les femmes pour identifier et développer de nouveaux marchés. C’est à ce moment-là que les choses ont commencé à prendre forme. »

Bien que les femmes de Zantiébougou doivent surmonter de nombreux défis tels que le manque de ressources et le manque d’infrastructures, Didier fut impressionné par leur force ainsi que par les liens qui les unissaient et qui, au bout du compte, permirent à la coopérative de se développer.

« Une coopérative ne peut pas évoluer si ses membres ne se sont pas solidaires les uns des autres. C’est la première condition, explique Didier. La seconde condition repose sur le fait que les membres doivent se sentir responsables : cette coopérative n’est pas un projet que les Canadiens font tourner au Mali, mais bien une entreprise qui nous appartient. Cette condition a permis aux femmes de prendre conscience que c’était à elles seules de développer leur entreprise et que c’était à elles seules également de savoir ce qu’elle voulait en faire. »

« Beaucoup de personnes avaient de grandes ambitions pour la coopérative, mais il y en avait aussi d’autres pour qui la coopérative n’était qu’un moyen de vendre leur beurre de karité », explique Didier. « Mais c’est en voyant grand et en étant solidaire les unes des autres que les femmes de Zantiébougou ont pu développer cette coopérative. »