L’année dernière, RESACIFROAT, le Réseau d’Appui à la Citoyenneté des Femmes Rurales d’Afrique de l’Ouest et du Tchad a reçu la subvention du Fonds Karen Takacs pour le leadership des femmes. L’association a alors mis en place une série de mesures pour améliorer la participation des femmes des zones rurales de 4 communes de la province du Kénédougou dans la gouvernance locale entre réunions d’informations, formations au leadership féminin ou encore émissions de radio pour informer et sensibiliser.
A travers ce projet, le RESACIFROAT entend accroître de 25% la participation des femmes rurales de l’union Binkora dans quatre conseils municipaux de la Province du Kénédougou pour les prochaines échéances électorales. Les résultats sont déjà là, des femmes et des jeunes (filles et garçons) sont déjà prêts à s’engager dans les partis politiques et surtout dans la course pour entrer dans les conseils municipaux. Le projet a dépassé le nombre de participantes initialement prévu et a même mis en place une liste d’attente : « Nous sommes fières de l’enthousiasme des femmes après les entretiens que nous avons réalisés dans les villages, communautés. Elles se sont exprimées clairement pour dire leur intérêt à sortir des maisons et à prendre part aux actions qui concernent l’ensemble de la communauté » déclare Rosalie OUOBA, coordonnatrice du RESACIFROAT.
Maminata TRAORE, conseillère à la mairie de Orodara est l’une de ses femmes qui osent. Elle souhaite améliorer ses compétences oratoires et de leadership pour prendre plus facilement la parole dans les réunions et présenter les préoccupations des femmes devant le conseil municipal. Maminata déclare : « Il y’a si peu de femmes dans le conseil municipal que souvent la seule femme ne voyant pas de soutien, a peur de dire des bêtises et d’être moquée par ses collègues masculins ». Le chemin est long pour RESACIFROAT mais les progrès déjà observés pourront inciter encore plus de Burkinabès à se présenter et à insuffler un élan de changement dans la classe politique mais également dans la société: « Je veux que beaucoup de femmes soient représentées dans les partis politiques car, si nous sommes nombreuses, nous pouvons nous faire entendre. » ajout celle qui souhaite se battre pour que les intérêts des femmes puissent être pris en compte.
Les prochaines élections municipales diront si le pari est gagné malgré les nombreux obstacles : des vétérans des partis politiques qui peinent à céder la place à de nouvelles recrues aux maris qui refusent que leurs épouses s’engagent ou encore le manque de financement des campagnes pour les femmes. De plus, les difficultés pour les femmes sont belles et bien présentes : accepter de prendre la parole en public et défendre ses convictions ou débattre face aux hommes.
Le Fonds Karen Takacs pour le leadership des femmes
Ce fond a été créé afin de célébrer le leadership extraordinaire dont Karen Takacs a fait preuve au cours de ses douze années comme directrice générale de l’organisation et d’honorer sa mémoire à la suite de son décès prématuré en août 2015. Le Fonds offre un soutien financier essentiel à des organisations africaines dont le travail permet l’avancement du leadership des femmes et de l’égalité pour les femmes et les filles, ainsi que des bourses d’études à de jeunes leaders africaines en devenir.
